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Avril Les Galapagos (Deuxième partie) | 28 avril. Comme l'archipel est situé aux confluents de grands courants, (Humboldt venu du sud, le courant profond et froid de Cornwell venu de l'ouest, le courant chaud de Panama venu du Nord), des espèces venues des antipodes s'y sont trouvées bien : les lions de mer! En outre, les eaux des Galapagos étant très poissonneuses, on y trouve de gros prédateurs : requins, cachalots, dauphins, raies...Nous partons avec Soazic à la découverte de cette faune un peu inquiétante (ce sera le tour de Yann et de Solène lundi)... Une journée plongée mémorable!!! Nous allons en bateau sur l'île de Santiago, à Bartolomé. L'île est assez jolie avec ses roches sculptées ocre sur fond bleu-turquoise. Nous y passons une bonne heure à plonger au milieu...des otaries (dont l'une nous fera un véritable spectacle de clown! revenant nous chercher chaque fois que l'on osera admirer un autre animal qu'elle!), des requins à pointe blanche, des raies, des tortues, des poissons scorpions...On ne s'en lasse pas. Dommage qu'il faille remonter, en ce qui me concerne un peu plus tôt car ma fille consomme bien moins d'air! La seconde plongée est un peu moins spectaculaire si ce n'est la rencontre avec une splendide raie manta!!! Bref, un spectacle inoui et inoubliable pour toutes les deux.
Quelques photos dans Album de voyage en attendant le film...
29 avril. Après avoir bien rangé le Furibard et accompli quelques corvées (gaz, eau, ship, internet, poste...), nous partons pour Tortuga Bay. Le chemin d'accès, environ une heure, est magnifique, très bien entretenu, au milieu des forêts d'arbres-cactus, une espèce qui n'existe qu'aux Galapagos. Nous profitons de la magnifique plage et allons à la rencontre des iguanes marins. Il y en a une colonie. Ils ont vraiment une drôle de tête et sont assez moches. Nous sommes tout contents de voir un "blue feet booby" qui prend la pose...on a vraiment l'impression que ses pieds ont été plongés dans un pot de peinture bleu ciel! Nous approchons également d'une sorte de grue, très peu effrayée...Yann aperçoit un petit requin en se baignant et Solène prend peur devant une énorme raie. Une tortue marine vient nous saluer...Bref, toujours autant d'animaux qui font le charme de cette escale! Au retour, nous allons dans l'un de nos deux bars fétiches, la Garapata, pour profiter du happy hours!
30 avril. Une journée un peu grise aux Galapagos. Nous en profitons pour ranger le bateau à fond, réaménager la cabine de Ninette, préparer la nav. vers les Marquises. Lors de notre balade quotidienne dans le village, nous allons retrouver l'otarie de l'étalage de poissons...C'est vraiment un clown! On se fait un petit resto sympa avec Yann, tandis que les enfants restent à bord, tout contents de regarder un film...
1er mai. Une autre journée mémorable! Nous sommes partis en excursion sur Seymour, une île au Nord de Santa Cruz, bien plate aussi, ce qui montre bien que ces îles sont issues de la tectonique des plaques, et non d'une irruption volcanique (comme pour Isabela). Nous retrouvons les frégates déjà rencontrées à Barbuda, mais ici, c'est une espèce voisine endémique aux Galapagos et qui ne migre pas...Les mâles sont toujours aussi rigolos quand ils courtisent la femelle! Ils se laissent davantage approchés... Nous retrouvons les iguanes terrestres, cousins des iguanes marins : même origine mais, avec la théorie de l'évolution et de l'adaptation chère à Darwin, les uns sont restés terrestres tandis que les autres peuvent plonger jusque 20 mètres et ont développé un véritable mécanisme de dessalinisation qui explique leur crachas d'eau. Ils gardent en commun leur laideur et leur nonchalance! Les blue feet boobies sont bien présents sur l'île mais on croise également leurs semblables : les red feet boobies! Les scientifiques n'ont pas vraiment réussi à expliquer la couleur des pieds palmés, qui pourrait selon toute vraisemblance (non prouvée) résulter d'une alimentation différente. En outre, la couleur n'apparaît qu'à l'âge de 6 mois...alors même que la femelle aura couvé les oeufs grâce à ses pieds et aura nourri l'oisillon selon son propre régime... Mais l'extase provient surtout de la colonie d'otaries...et des bébés beaucoup moins timides que leurs parents! Ils sont absolument adorables. C'est aussi une journée mémorable particulièrement pour Aymeric car notre snorkeling de l'après-midi sur l'île de Baltra nous permet de voir requins, tortue, otarie, et une petit raie aigle! Bref, pas besoin de bouteilles pour admirer toute cette faune des Galapagos!
2 mai. Une nouvelle journée mémorable pour Solène et Yann qui ont plongé au milieu d'une bonne vingtaine d'otaries faisant toutes sortes de pitreries! Puis ils ont été cernés par une dizaine de requins, des tortues, des raies pastenagues, des "marbled" et "golden" raies...Pendant ce temps, nous arpentions de long en large les rues du village car Soazic avait organisé une chasse au trésor pour Aymeric. Nous nous sommes bien amusés, notamment du peu de sens de l'orientation d'Aymeric! Mais quelle chaleur!
3 mai. Dernières formalités avant de quitter les Galapagos et ses animaux attachants...On fait le plein de Diesel en bidonnant (pas cool) puis petit tour à l'internet café...quelques courses au marché local...Nous sommes fin prêts pour les quelques semaines de traversée jusqu'aux Marquises. Départ en milieu de journée. Quelques photos de nos plongées dans l'album de voyage...en attendant de travailler les films pendant la longue traversée... |  |
|  Les Galapagos (1ère partie) | 25 avril. Première journée aux Galapagos, essentiellement occupée par les formalités. Nous avons choisi un agent (Galapagos Ocean Services, très satisfaisant et sympathique en la personne de Thuomo), obligatoire pour rentrer aux Galapagos. Il faut savoir que le gouvernement de l'Equateur a déclaré 97 % du territoire des Galapagos, en tant que Parc national protégé, et qu'une zone de 133 000 kilomètres carrés est classée réserve maritime. Depuis une réglementation très récente, tout bateau privé peut rester 20 jours dans un seul mouillage, qu'il convient de choisir entre Porto Ayora (Santa Cruz), Puerto Baquerizo Moreno (San Cristobal), Puerto Villamil (Isabela), et a priori, Puerto Valesco Ibarra sur Floreana. De notre côté, nous avons opté pour la première île car les services (restos, wifi, approvisionnement) y sont plus complets, que c'est le point de départ d'un certain nombre d'excursions. En outre, nous avions lu que seulement une petite dizaine de bateaux pouvaient trouver un abri à Isabela...Enfin, nous avions également eu des échanges de mails encourageants avec Thuomo. Notre première balade dans la ville assez mignonne de Porto Ayora ne nous font pas regretter notre choix : plein de petits resto et bars sympas! Et si les otaries ne sont pas dans nos jupes, elles nous accueillent à chaque fois que nous descendons à terre... Les Galapagos sont une destination de luxe! Nous nous sommes délestés de 250$ pour l'agent (qui comprend sa commission et les droits d'entrée en fonction du tonnage), de 30£ pour l'immigration, ... et de 450$ pour le parc national (100$ par personne au delà de 12 ans et 50$ pour Aymeric). On échappe aux 60-80$ de fumigation dont nous avons obtenu le certificat à Panama par Tito. En dépit de cette réglementation très stricte et onéreuse, les Galapagos, par leur statut spécial décerné par l'UNESCO, attirent de plus en plus de monde. Suivant ce mouvement, la population est passée de 2000 à 30 000 personnes résidentes entre 1970 et 2010!
26 avril. Premières rencontres avec quelques habitants des Galapagos... Un groupe d'otaries nous accueille au ponton du dinghie! Tous les matins, nous admirerons leurs quelques facéties, véritable comité d'accueil. Mais elles sont un peu peureuses et pas question de les caresser, même si l'envie ne manque pas! A leurs côtés, iguanes et lézards semblent endormis mais, en réalité, ils sont spécialisés dans le nettoyage de l'otarie et capturent les insectes qui les dérangent pendant la sieste. Nous rencontrons les iguanes marins des Galapagos, dragons cracheurs d'eau salée et particulièrement hideux! Les rochers noirs sont également parés de centaines de crabes (Grapsus grapsus), rouge vif, qui ne se trouvent qu'ici aux Galapagos. Dans les arbustes, se nichent des dizaines de pélicans, bien patauds comme on les aime. Ils viennent de chiper du poisson sur l'étalage et se délectent curieusement... Puis, au centre de recherche Darwin, ce sont les premières rencontres avec les tortues géantes des Galapagos, et quelques iguanes terrestres...Cette rencontre, Charles Darwin l'a faite en 1836, à 26 ans. C'est après un séjour de 5 semaines aux Galapagos qu'il déduit la capacité évolutive des espèces. Le centre a été créé en 1959 par le gouvernement équatorien, aidé par l'UNESCO et par les organismes scientifiques internationaux. Les tortues géantes, dont les plus vieux fossiles datent de plus de 200 millions d'années (avant les dinosaures), étaient à deux doigts de disparaître ...Il devenait urgent de protéger cette espèce animale endémique, qui n'existe qu'aux Galapagos. Bien plus, chaque île des Galapagos a sa propre espèce de tortues...Ici, sur Santa Cruz, on trouve les Geochelone elephantus Porteri. Dans le centre, de véritables nurseries couvent des centaines de bébés tortues. Selon les années, le population de bébés compte entre 500 et 1000 individus. Nous retrouvons ce qu'on nous avait expliqué sur les tortues des Roques : l'âge de reproduction n'est atteint que vers 30 ans, avant 25 ans, la tortue n'est pas définie sexuellement. Les tortues peuvent vivre jusque 150 ans, voire 200 ans et les mâles de cet âge peuvent encore être actifs! La saison de reproduction s'étend de janvier à mai. La femelle pond entre 6 à 14 oeufs dans un nid, puis elle urine et défèque dessus afin de remblayer le nid qu'elle abandonne par la suite. Après 160 jours, les petites tortues grattent la terre afin de regagner la surface et survivre seules. Cette période étant la plus délicate dans une vie de tortue, les responsables du centre tentent de les protéger durant ce temps. Les tortues sont alors relâchées vers l'âge de 6 ans dans les zones où la nourriture est abondante (ce que nous visiterons plus tard dans la journée). L'après-midi, nous allons au centre de l'île, admirer les Gemelos, énormes trous en forme de cratères où l'on peut admirer les forêts de Scalesia, une espèce d'arbres poilus uniques aux Galapagos. Puis nous nous faufilons dans des tunnels bien obscurs de lave (un peu de claustrophobie!) pour terminer par une balade bien boueuse (nous échangeons heureusement nos tongs pour des bottes) à la rencontre de tortues bicentenaires en toute liberté. On comprend bien en les voyant que le terme "elephantus" se rapporte à leurs dimensions ! La tortue géante des Galapagos peut atteindre plus de 1,2 m de longueur et plus de 250 kg! Nous en rencontrons deux, de cette taille, des mâles, tandis que la femelle que nous croisons est moins imposante! Malheureusement l'appareil photo ne fonctionne pas (batterie?)...ce ne sera donc que pour nos yeux.
27 avril. En fin de matinée, nous allons aux Grietas: une coulée de lave a érigé deux murs géants entre lesquels s'est formée une retenue d'eau de pluie mélangée à de l'eau de mer. La balade est sympa et les enfants d'éclatent particulièrement à sauter du haut des parois rocheuses. L'après-midi, sous le soleil accablant, nous essayons de trouver un peu de fraîcheur à la petite plage du centre Darwin. En vain...Retour au bateau pour ressortir dans la soirée, quand la chaleur est plus supportable...
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|  Du Panama aux Galapagos (17 avril- 24 avril) | 17 avril. Nous quittons au petit matin le mouillage pas très folichon de Las Brisas, avitaillement et réparations (VHF) accomplis. Direction l'archipel de Las Perlas, sur la route vers les Galapagos. Le vent est très faible mais on résiste à l'attrait du souffle Yanmar, quitte à avancer à 4-5 noeuds...mais on a le temps...On pêche notre premier thon du Pacifique. La navigation est ultra tranquille, Aymeric peut construire sa maquette légo et découvrir les nouveaux jeux reçus pour son anniversaire (merci Milou pour le jeu des chevaliers! Pas mal du tout!). Les filles se remettent au CNED...A nouveau seuls au monde. Celà nous manquait! A l'arrivée sur Las Perlas, nous sommes un peu inquiets : l'eau est très trouble ; nous croisons des bancs de méduses translucides. Il y en a des milliers...et ce jusqu'à notre mouillage de Isla Casaya, au Sud de l'archipel. L'ancre jetée, la situation ne s'améliore pas : l'eau ne fait pas du tout envie! En revanche, un peu moins de méduses qui n'ont pas pour autant totalement disparu. Les îles de Bayoneta, Viveros, La Mina qui entourent notre mouillage sont assez jolies : elles sont surtout désertiques et celà nous va bien! En mouillant à marée haute, nous avons pris garde aux marées puisque le marnage est ici important et peut aller jusqu'à 5-6 mètres.
Une fois posés, nous prenons notre courage à deux mains, enfilons nos combines (car l'eau du Pacifique est plus fraîche de quelques degrés que celle de l'Atlantique) pour gratter la coque, envahie de dreadlocks verts et de mini coquillages : il faut dire que les mouillages de Colon et de Panama City n'ont pas aidé! Soirée tranquille, dans un calme absolu, ponctué ça et là de cris d'oiseaux : jeux de cartes et film.
Le lendemain, l'opération "grattage de coques" reprend pour les parents tandis que les enfants profitent de notre incapacité à les surveiller pour se jeter dans une bataille de pistolets mitrailleurs à eau! En ressortant de la plongée, Yann entend des "crouinch, crouinch" dans les oreilles...Des signes de sénilité précoce? Et non, nous parvenons à extraire trois mini crabes de chaque oreille! Trop mignons! Enfin, le capitaine ne partage pas mon enthousiasme et "n'aime pas trop beaucoup ça". Il en même dans les cheveux! En milieu de matinée, il faut prendre une décision : découvrir quelques mouillages solitaires dans ces îles désertes sans pouvoir se baigner ou foncer sur les Galapagos...Réunion au sommet dans le cockpit. A l'unanimité, nous décidons de quitter les Perlas. Nous avons trop envie de profiter des Galapagos, Marquises et Tuomautu...et le temps passe...Surtout, l'eau trouble des Perlas ne nous semble pas être compensée par les silhouettes et paysages des îles...En outre, puiser dans nos réserves alors que l'approvisionnement (en bouffe et essence) sera par la suite limité, ne nous semble pas justifié. Bref, nous quittons donc les Perlas en longeant Isla Senora, Pedro Gonzales et San José, histoire de profiter du paysage de mangrove, avec ça et là quelques cocoteraies. Il manque juste l'eau turquoise, ou du moins propre!
18 avril, 11h. Départ donc pour une longue traversée (car le terme "foncer" n'est pas adapté aux conditions météorologiques, plutôt peu de vent!). Une première journée géniale, avec venue d'énormes dauphins qui resteront une bonne heure à écouter la musique à fond émanant du Furibard, baignade au bout d'une corde quand la pétole s'installe, pêche d'un magnifique thon pour les sushis réclamés par Soazic...Côté navigation, on parvient à ne faire que 4 heures de moteur, principalement grâce à un fort courant qui nous pousse vers notre destination. Le début de nuit est même euphorique puisque nous sommes à 10 noeuds de moyenne, sous Genaker.
19-20 avril. Seconde journée de nav. qui commence par la pêche d'une magnifique dorade coryphène, de 1m13. Nous sommes en veine! et pour l'instant, nos réserves sont peu entamées! Côté navigation, c'est un peu la débâcle. Pétole installée! Comme on ne veut pas puiser sur notre précieux diesel (pas sûr qu'il y en ait aux Galapagos), on se traîne parfois à 2,5 noeuds. Le vent est très imprévisible : d'un seul coup, on avance à 6 noeuds pendant une heure, puis plus rien. C'est surtout la nuit qu'il disparaît...Mais finalement, on se fatigue peu et on peut dormir par tranche d'une 1/2 heure. Comme je ne m'endors que difficilement, soit au bout de 25 minutes, 5 mn avant que l'alarme ne sonne!, et que le capitaine s'endort dans la seconde, il a la gentillesse de réduire mes périodes de quart! En deux jours, aucun bateau à l'horizon! Autre côté positif de cette navigation ultra tranquille : on se baigne au beau milieu de l'Océan Pacifique et on peut se livrer à toutes sortes d'activités, dont le CNED!, sans avoir le mal de mer.
22 avril. Depuis le milieu de la nuit, nous touchons du vent, au travers, et le Furibard avance à 8-9 noeuds. On rattrape un peu les précédents jours de pétole. Nous avons eu quelques visiteurs à bord. Une espèce de moineau jaune et vert (que peut-il bien faire au milieu de l'océan?) qui reste une nuit sur la corde à linge du cockpit et un oiseau des mers (un peu d'abus de sa part!). Celui-là s'installe tranquillement sur la barre de flèche et reste plus d'une journée : des copains viennent le chercher au petit matin et ils nous quitte, non sans laisser quelques souvenirs sur le roof et le lazy. Les jours passent...entre CNED, films, lectures, jeux de cartes, scrabbles, séances de gym sur le trampoline, siestes... Et toujours seuls au monde, pas un seul bateau croisé! On profite! 23 avril. Passage dans l'hémisphère Sud!!! Nous avons un peu plus de vent, et de grains; on avance à 8-9 noeuds avec toujours un vent Est-Sud-Est. Journée un peu maussade : le temps est gris et l'humeur à bord n'est pas des meilleures ; tout le monde est un peu grognon, mais bon...pas d'enguelades car chacun vaque à ses occupations...Puis le soleil revient dans l'après-midi...et la bonne humeur (si nous devenons tous cyclothymiques, je n'ose envisager notre retour sous la grisaille parisienne!). Nous préparons notre passage de l'équateur : Soazic concocte une tarte aux pommes, je sors le petit vin blanc de Laurence gardé précieusement pour une grande occasion. Chacun prépare son tribut à Neptune : nous décidons de lui écrire un secret sur un bout de papier. Je suis un peu inquiète de voir que mes filles ont déjà quelque chose à écrire...Malheureusement, nous n'avons pas trop le choix sur l'heure de passage de la ligne, très dépendante des caprices du vent. Nous la passons à 1h du matin, un peu endormis donc! Tribut remis, tarte dégustée et vin apprécié, nous regagnons nos cabines, sauf le capitaine qui reste de quart.
24 avril. Depuis que nous sommes dans l'hémisphère Sud, que de grains! avec une trajectoire changeante du vent à laquelle nous ne sommes pas habitués! Mais à 8h30, nous distinguons enfin la terre, l'île de de San Cristobal, que nous allons laisser à bâbord. A l'arrivée sur Santa Cruz, en début d'après-midi, nous sommes accueillis par des otaries et quelques raies mantas. Bon début!
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|  De l'Atlantique au Pacifique. Mardi 12 avril | Le grand jour. Nous nous présentons à 15 heures au Flat, à l'entrée du canal, afin d'embarquer notre pilote; celui-ci est obligatoire à bord car il connaît les procédures, les manoeuvres, les dangers...il est en permanence en contact avec les autorités du canal et les contrôleurs des écluses, il connaît le trafic des gros cargos. La pilotine arrive vers 16h30; le pilote enjambe les filières.... Brèves salutations : il a l'air sympathique! Marcos, l'un de nos line handlers qui a déjà pas mal de passage à son actif, me fait un petit signe pour m'indiquer que c'est un bon pilote. Yann reste maître à bord... mais il doit suivre les consignes. Direction les premières écluses...où nous allons monter de 26 mètres jusqu'au lac artificiel de Gatun alimenté en eau douce par les rivières environnantes et contenu par plusieurs barrages.
Gatun Locks. Quelle chance nous avons car nous allons passer "center chamber", c'est-à-dire pris en sandwich entre un autre cata, Kalim (rencontré à Santa Marta), et un monocoque, au milieu des écluses larges de 27m. Nous n'avons qu'une seule line à gérer! surtout, peu de risque de se prendre les parois sombres et rugueuses de l'écluse lorsque l'eau va monter. Nous nous amarrons les uns aux autres à l'entrée de la première écluse ("nesting up"), et avançons tranquillement en trio, derrière un énorme cargo. Yann gère la vitesse et la direction. Nous recevons les "monkey fists", de longues cordes fines terminées par une pomme de touline (un gros noeud en forme de boule), depuis les 10 mètres au dessus de nos têtes. Les employés du canal, les lamaneurs (et non lamineurs!!!), sont extrêmement habiles au lasso et font tournoyer comme une fronde leur cordage avant de nous l'envoyer avec une grande précision! Nous y attachons les aussières, longues de 38m, et les renvoyons (enfin, en ce qui nous concerne, une seule suffit); elles sont frappées en haut puis il faut les reprendre au fur et à mesure que l'eau monte afin d'équilibrer la tension et de maintenir le bateau au milieu de l'écluse. Simple! mais pas de droit à l'erreur!!! Premier grand moment d'émotion : les portes de la première écluse se ferme sur l'Atlantique! Les enfants sont sur le roof, aussi excités que leurs parents! L'écluse se remplit, des remous puis des tourbillons autour des bateaux; on sent que celà patine...Le tout est de rester bien parallèles aux murs de l'écluse. Notre pilote donne calmement ses instructions (les pilotes des deux autres bateaux semblent moins à l'aise) : "stay neutral, Yann", "starboard", "reverse"...Avec Marc, sur Karim, Yann essaie de maintenir les bateaux droits, au milieu d el'écluse, tandis que l'américain sur son monocoque patauge un peu. Les line handlers sont également censés maintenir les bateaux en bonne position en jouant sur les aussières. Rassurés de constater que les nôtres sont bien expérimentés et assurent! Lorsque l'écluse est pleine, nous avançons vers la suivante, en apercevant derrière nous, en bas!, le port de Colon. Première marche de franchie! Cette fois, nous récupérons les aussières mais en les laissant attachées aux lignes des lamaneurs; ces-derniers avancent en même temps que le bateau et gravissent un escalier raide de 10 mètres jusqu'au quai du second bassin. Rebelote pour les deux écluses suivantes, avant de déboucher sur le lac Gatun : tout se passe à merveille, Yann gère en grande partie la direction des trois bateaux de mains de maître, et les line handlers, très concentrés, assurent! A la troisième écluse, nous passons devant le centre administratif du canal, transféré à la République du Panama, depuis le 31 décembre 1999. Plus de 850 000 bateaux sont passés par là, depuis l'ouverture du canal au trafic le 15 août 1915, et le passage du premier bateau, le S.S.Ancon! Désormais, le Furibard, pas peu fier, fait partie du lot! Un grand moment qui se grave dans nos mémoires!!!
La nuit est tombée sur le lac Gatun. Nous gagnons l'une des deux grosses tonnes d'amarrage où nous nous allons passer la nuit. Notre pilote repart. La tension est retombée...l'équipage peut savourer, serein, quelques bières! Je ne regrette pas d'avoir préparé les repas en avance...car le stress et l'excitation, ça lessive!
5h30. Nous sommes réveillés par les singes hurleurs, des cris atroces et effrayants, et par le chant des oiseaux; qui ont quand même du mal à se faire entendre. Notre second pilote monte à bord à 6h40 ; comme nous ne sommes attendus à Miraflores qu'à 11h15, pas besoin de martyriser les moteurs. On parcourt tranquillement les quelques miles qui nous séparent encore du Pacifique. Nous choisissons de passer par le Banana Chanel plutôt que par le chenal des cargos pour gagner Gamboa et l'entrée des écluses de Pedro Miguel (18,5 miles à parcourir). Avec l'espoir d'apercevoir les singes dans ce chenal plus étroit...Nous n'aurons droit qu'à un alligator qui croisera, nonchalamment notre route !
On rejoint le chenal principal où nous croisons un Panamax, d'énormes porte conteneurs conçus aux dimensions du canal : longs de 294 m et large de 32, ils peuvent contenir jusqu'à 4000 conteneurs de 65000 tonnes. Impossible que deux Panamax se croisent dans le canal; Du coup, le matin est réservé à leur passage du Pacifique à l'Atlantique et l'après-midi, c'est l'inverse. Nous passons devant le Gold Hill, la colline d'or, cet énorme rocher très compact, obstacle au tracé du canal, sur lequel les ouvriers se sont acharnés, pensant trouver de l'or...(rumeur pour les faire travailler plus vite!) Puis nous franchissons, en dessous!, le pont du centenaire, le plus récent des deux ponts à relier les deux parties du Panama (2000).
Nous arrivons à l'écluse de Pedro Miguel vers 10h30; elle va nous permettre cette fois de descendre en douceur sur le lac de Miraflores. Nous reprenons la même combinaison gagnante que la veille : le Furibard en sandwich entre Kalim et Trilogy, le monocoque américain. Celà nous va parfaitement! Et la descente se passe merveilleusement bien...Beaucoup moins de turbulences qu'à Gatun. Il ne reste plus que les deux écluses de Miraflores, pour rejoindre entre 13 m et 20 m plus bas (selon la marée), le Pacifique! Il nous faut patienter un peu car nous sommes en avance ; il faut dire que, dans cette partie du canal, un courant important nous a poussé vers le Pacifique. On en profite pour déjeuner et se rafraîchir car il fait vraiment très très chaud! Dans les écluses, les manoeuvres deviennent de routine. Pas grand chose à faire (sauf Yann!) qu'à regarder l'eau descendre tranquillement. Les enfants essaient de faire des coucous à la web cam...et se prennent pour des photographes de mode...
Puis vient le moment tant attendu. 11h30. Les portes de la dernière écluse s'ouvrent sur le Pacifique! Enfin, ce n'est pas vraiment une grande étendue d'eau limpide mais un estuaire boueux et gris...les cocotiers et les eaux cristallines, il faudra attendre un peu! Tout ce système d'ascenseurs, que nous avons enchaîné vraiment facilement (il n'y avait pas besoin de stresser!!!), aura fait perdre au lac Gatun près de 200 millions de litres d'eau à chaque fois qu'un bateau change d'océan! Mais c'est vrai qu'il pleut beaucoup au Panama!
Dernier grand moment d'émotion : nous passons sous le pont des Amériques, grand symbole de l'entrée dans le Pacifique, avant de gagner le mouillage du Balboa Yacht club où nous débarquons nos line handlers...
Nous sommes maintenant solidement ancrés à Las Brisas, un mouillage devant l'île Perico, au bout de "l'Amador Causeway" et au pied de Panama City, un mini "New York" selon les enfants. Nous fêtons dignement en famille ce grand moment, pour l'équipage mais aussi pour le Furibard, premier Outremer 49 dans le Pacifique!
Départ le 17 avril pour Las Perlas. Le 16, on fête l'anniversaire d'un grand de 9 ans, avec toute une bande de copains de bateau : chacun a apporté un cadeau (vraiment sympas!). Aymeric reçoit notamment de Victor (Diné) qui a maintenant 14 ans, le livre que celui-ci a écrit à 9 ans lors de son voyage en méditerranée. Le bateau est prêt pour le Pacifique. Nous allons nous balader dans la vieille ville de Panama City, Casco Viejo.
Ci-dessous, une image symbolique, à l'entrée du Pacifique, avec au loin le Pont des Amériques... ...et la photo de la webcam (merci à nos généreux capteurs d'images)
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| |  Le Canal de Panama . PASSAGE LE 12 AVRIL!!! | Lundi 4 avril. En chemin vers Colon, nous apprenons que les enfants ont une nouvelle cousine : bienvenue à Maé et félicitations aux parents, particulièrement à la maman, qui a priori a un peu galéré! Nous devrons attendre notre retour pour découvrir ces deux nouvelles arrivées dans la famille : Maé et Emma... A Colon, au milieu des énormes cargos, nous allons mouiller devant le Boat Club. Rien de reluisant : ça sent le pétrole, l'eau est tout sauf transparente, les pilotes du canal passent à ras des bateaux, histoire de nous faire bien tanguer...bref, endroit peu sympa mais c'est là que nous avons RDV avec Tito, notre agent pour le passage du canal. Tandis que nous avançons le CNED à bord, Yann part toute l'après-midi régler les papiers avec Tito : réservation de pneus pour le passage, de linehandlers car nous ne sommes que 2 adultes (il en faut 4 plus le capitaine), et toute la paperasserie du canal...
Mardi 5 avril. Nous avons RDV à 7h au Flat, à l'entrée du canal, pour faire mesurer le bateau. L'inspecteur vient à bord à 9h et rebelote : de la paperasserie... et des mesures assez étonnantes, comme la distance du poste de pilotage jusqu'à l'arrière du bateau. Il vérifie qu'il y a bien des toilettes à bord pour les aises du pilote qui montera lors du passage! (certains bateaux n'en ont pas!!!). On indique notre choix de passage en refusant de passer "long side", c'est-à-dire à l'extrémité, le long des bordures. Troisième étape : il faut aller payer le passage à la banque, avec notamment la caution. Yann s'en charge l'après-midi, accompagné de Tito, et en taxi. C'est que les rues de Colon craignent clairement! Le soir, nous appelons le scheduler du canal pour obtenir notre date de passage : déception! Pas avant le 18 avril alors que Tito nous avait indiqué une semaine maximum d'attente! Mais il faut appeler tous les jours au cas où il y a un créneau avant...
Mercredi 6 avril. Nous laissons les enfants à bord et partons dans la zone franche de Colon. On s'achète du matériel informatique (et oui dernière boulette en date du capitaine : il est tombé à la flotte avec son Iphone!) et quelques boissons alcoolisés. Sauf que pour quitter la zone franche, c'est toute une histoire avec l'alcool. Du coup le taxi doit planquer les bouteilles sous la roue de secours, dans les côtés du coffre...Epique! On fait deux trajets retour, abandonnés au milieu de la zone franche qui craint...on n'est pas très rassurés mais tout se termine bien! On quitte cette zone peu reluisante de Colon pour Shelter Bay, la marina de l'autre côté de la baie. Les enfants sont ravis de découvrir à leur arrivée une magnifique piscine. Nous sommes juste à côté de Jongert, le bateau de Laura Dekker, cette hollandaise de 16 ans qui fait le tour du monde. Elle est trop mignonne! pas beaucoup plus grande que les filles...impressionnante. Son père est là, sans doute pour l'aider à passer le canal. Depuis le jeudi 7 avril, nous sommes à Shelter Bay, espérant que notre passage du canal soit avancé. Le temps est plutôt bof, avec des pluies diluviennes le vendredi. On en profite pour faire un avitaillement à Colon, récupérer des colis, poster le CNED, laver le bateau, faire réparer notre spi, régler le problème de notre VHF capricieuse...Les jours passent tranquillement pour les enfants...qui profitent de la piscine, de l'électricité sans limite et de l'internet.
Lundi 11 avril. Nous venons d'avoir confirmation que nous passons DEMAIN!!! (à force d'appeler le scheduler tous les jours...). L'excitation monte à bord! Tito, notre agent, nous apporte aujourd'hui les pneus, les amarres et nous trouve les 3 équipiers nécessaires (4 linehandlers, le capitaine et le pilote du canal à bord). Nous finissons de sécuriser le bateau (éolienne, panneaux solaires...). RDV demain à 16 heures au Flat (c'est la zone d'entrée du canal, côté des écluses de Gatun). Nous passerons les trois premières écluses montantes avant la nuit, puis nous nous mettrons au mouillage au lac Gatun (avec les crocodiles?). Le pilote quittera le bateau et un autre nous rejoindra le lendemain matin pour passer les écluses de Miraflores, portes du Pacifique! Les filles se chargent de prendre photos et films tandis que je tenterai de jouer au mieux mon rôle de linehandler (on doit lâcher et reprendre les amarres au fur et à mesure que le bateau monte ou descend dans les écluses!). Bon, bref, c'est un peu l'inconnu ...vous pouvez nous voir passer le canal sur la webcam du site (dans la nuit pour vous!): http://www.pancanal.com/common/multimedia/webcams/viewer-flash/cam-gatun-hi.html. Nous serons à Miraflores mercredi en milieu ou fin de matinée?, soit 7 heures de plus pour vous...mais comme vous ne serez pas collés à votre ordi...on vous racontera)
Les premières photos...de notre environnement!
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|  Panama - Côte Caraïbes(1 avril- 4 avril) | Nous arrivons au coucher du soleil à un mouillage désert, au pied de la cordillère du Panama : Playa de Damas. On adore vraiment ces mouillages où nous sommes seuls au monde. Rares. Le lendemain, direction Panamarina 6 miles à l'Ouest. C'est une charmante marina, au milieu de la mangrove, tenu par des navigateurs tombés amoureux du lieu, Jean-Paul et Sylvie Orlando. On profite de leur délicieux restaurant...et de leurs précieux conseils sur les balades à faire dans le coin. L'après-midi, nous allons à la rencontre des singes de l'île Linton, connus pour leur affection...à leur façon...on reste méfiants mais on s'amuse bien avec eux. Quelques bananes et du pain pour les quitter en douceur.
Samedi 2-Dimanche 3 avril. Nous laissons le bateau sous bonne garde à la marina et partons dans la jungle chez Miguel. Nous sommes en compagnie de Jedi et de sa petite chienne adorable, Mohea, ainsi que de Christian et Martine. Une petite bande bien sympathique. Miguel est un ancien militaire, puis puis celà devient flou...jusqu'à son installation ici avec Yanette, en pleine jungle, où il a construit quelques cabanes et accueille les touristes en quête de retour à la nature et d'aventure. L'endroit est charmant, les cabanes rustiques mais décorées avec goût. On mange local : yuca, bananes, épices, ananas du jardin...c'est délicieux, digne d'un grand resto. On passe deux jours sensas à se balader dans la jungle et à se baigner dans la rivière et les cascades. Miguel, qui organise parfois des stages de survie, nous explique en balade quelques rudiments pour survivre dans la jungle : manger les graines et les coeurs de certains palmiers, trouver les racines comestibles, les ananas sauvages, ramasser les bigorneaux dans les rivières, faire son feu et son abri dans la jungle... Evidemment, les enfants adorent et ne quittent pas Miguel, pendus à ses paroles. On croise quelques belles araignées...On entend les cris des singes hurleurs (que nous ne verrons malheureusement pas), on écoute les sifflements des perroquets et autres oiseaux...Super expérience! Dans un autre registre, je vis une expérience également ahurissante. Le soir, je me tords la cheville en rentrant à la cabane : une petite foulure ou une contusion? en tous les cas, je ne pose plus le pied. Christian me prend la cheville dans ses mains et...celà chauffe, chauffe...Plus de douleur, plus rien, le lendemain, je marche parfaitement! Moi qui ne croyais pas au magnétisme! A notre retour, nous dînons à bord de Malamock, chez Alain et Veronique, les parents de Mathilde que nous avions emmenée avec nous chez Miguel. Leur parcours est hallucinant. Ils naviguent depuis 25 ans et sont allés dans des endroits improbables, là où peu de bateaux vont : Inde, Iles Andaman, Papouasie, Indonésie, Corée du Sud...Quand la caisse de bord a besoin d'être renflouée, ils se posent à un endroit et reconstituent les finances. Toute leur vie est construite pour naviguer. De vrais amoureux de la mer et du voyage. Soirée très sympathique.
Lundi 4 avril. Direction Colon, en attente de notre passage du canal!!! |  |
|  San Blas (24 mars- 1 avril)- 1ère partie | Partis à 17 heures de Santa Marta, arrivés au petit matin 36 heures plus tard : nous avons dû ralentir pour ne pas arriver de nuit dans l'archipel des San Blas. La comarca de Kuna Yala est située le long de la côte atlantique du Panama, dans le golfe du Darien. C'est une frange de terre d'environ 10 km de large sur 300 kms de long entre la cordillère des San Blas et la mer. Ce territoire est bordé par un archipel d'environ 360 îles ou îlots : Kuna Yala. C'est là, que vivent la plupart des Indiens kunas, enviro:n 55000, qui préservent jalousement leur territoire de toute construction immobilière. Et c'est notre destination!
Le début de la nav. a vraiment été chaud. Contrairement à ce qu'annonçaient les fichiers grib (mais on commence à avoir l'habitude!), il y avait entre 35-40 noeuds de vent. Nous avons atteint les 38-40 de vent apparent, au portant, sous deux ris et avec un string en guise de solent. La mer était très formée, avec des creux de 5-6 mètres. Heureusement, en fin de nuit, on a pu abattre un peu pour l'avoir totalement de l'arrière. Le Furibard résiste bien, il s'éclate même et nous fait des surfs jusque 18,5 noeuds, avec une moyenne à 15 noeuds la première nuit...D'où la nécessité de ralentir ensuite! Au cours de la journée, le vent se calme puis la mer...La deuxième nuit est donc plus tranquille!
Jeudi 24 mars. Première journée aux San Blas, à Holandes Cays (9°35N-78°40.4'W). C'est une des cays les plus éloignées du continent, la plus accessible en venant de Carthagène et l'eau y est très claire... On mouille devant la petite île déserte de Banedup. Journée repos : on récupère un peu de la traversée...Baignades et snorkeling : celà commençait à nous manquer... (qu'est-ce que ce sera à notre retour!). L'après-midi, balade sur l'île de Tiadup : premières rencontres avec les indiens Kunas. Une seule famille vit sur l'île. On teste nos connaissances : "Nuedi" pour bonjour/merci et "Impuesto" pour l'impôt à payer aux Kunas (10$ pour un cata! contre un reçu en bonne et due forme!). Bien évidemment, la mère nous propose des molas. Nous déclinons gentiment... car nous ne sommes qu'au début de notre séjour à Kuna Yala. Il y a tant à dire sur les indiens Kunas que j'ai décidé d'y consacrer une rubrique spéciale...(ci-dessous). Nous rencontrons Federico qui fait du charter entre Panama et Carthagène avec 12 baroudeurs à bord de son atoll 43. Il nous propose de nous joindre à eux pour un feu de camp sur la plage. Les enfants sont emballés, les filles préparent des gâteaux... Le soir, Aymeric fera sensation avec ses petits poissons en feuilles de palmier; il aura toutes les filles de la troupe à ses pieds...
Vendredi 25 mars. Direction Green Island (Kanlildup. 9°29.9'N- 78°38.2'W). Une autre île inhabitée au programme. A notre arrivée, en milieu de matinée, des kunas venus du continent en pirogue traditionnelle creusée dans un trons d'arbre, le ulu (en kuna) ou cayaco (en espagnol). Ils nous proposent des langoustes et des crabes (heureusement que la pêche est interdite de mars à juin!... mais une fois pêchés, nous n'avons plus qu'à les acheter! à 7$ la grosse langouste et 5$ pour le king crab, (ce serait bête de refuser!). Cette fois, pour ne pas être lassés!, on les cuisine au court-bouillon. L'après-midi, après l'école!, nous partons tous les 5 en annexe faire du snorkeling. Les fonds sont magnifiques : beaucoup de corail multicolore et des patates "dégoulinantes" comme dit Yann (j'essaie de traduire par quelques photos!), moins de poissons qu'aux Aves et Roques. Je décide de revenir jusqu'au bateau à la nage... au milieu du trajet, je les vois gesticuler dans l'annexe et pousser des grands cris! Et oui, mauvais choix que de nager! Ils ont vu deux raies, dont l'une leur a fait une superbe figure de voltige hors de l'eau, et les ont suivies un bon moment. L'eau étant translucide, pas besoin de masque! J'aurai droit à quelques minutes de fanfaronnade, surtout du plus âgé et du moins âgé des 4. En fin d'après-midi, nous sommes conviés, avec les quelques bateaux sur place, à un "happy hours" sur la plage : les américains en raffolent! C'est assez sympa, chacun raconte son voyage... La plupart sont très sensiblement plus âgés que nous et ont donc tout le temps pour naviguer. Les enfants en profitent pour explorer l'île et installer leur hamac entre deux cocotiers, occasion pour Aymeric de grimper aux arbres!
Samedi 26 mars. Snorkeling sur le reef le matin, ce qui me donne l'occasion de m'érafler tout le ventre...mais j'étais la seule à ne pas avoir mis de combine! Bien fait...C'est l'occasion avec les filles de nous faire un beau flip car les garçons étaient partis pêcher pendant ce temps...On ne les voit pas revenir, alors même qu'ils étaient censés venir nous chercher! Marre d'attendre et inquiètes, on rentre au bateau à la nage. Toujours rien...En fait, ils avaient emmêlé leurs lignes et on ne les voyait pas derrière un petit îlot! Après une balade sur un îlot désert, nous gagnons un autre mouillage dans les Naguargandup cays : Gorgidupdummat (9°30N- 78°48.50'W). 127 cm!!! Un record à bord du Furibard!!! C'est la taille du Wahoo (Thazard) que Yann et Aymeric ont pêché sur la route. Pas peu fiers, les hommes du bord! Et donc, Tartan, tu peux revoir ta copie hebdomadaire qui diffuse de fausses informations sur la réputation "pêchière" du Furibard ! La suite, j'hésite à la raconter... pétole, sous solent et moteur, soudain : "à l'aide", et voilà notre capitaine à la baille agrippé à son seau de nettoyage de poisson. Organisation nickel avec les filles pour le ramener à bord, notre boulet en chef!!! Ouf, le poisson est toujours là, attaché au bateau. On a juste bien rigolé de notre capitaine, moins fanfaron que la veille... Mouillage idyllique : nous sommes seuls, pas un bateau à l'horizon, l'île pour nous! Quelques kunas viennent jusqu'ici dans leurs cayacos pour vendre leurs molas...et justement Lisa, que Federico nous a recommandée, nous rend visite. C'est un travesti kuna de Rio Sidra, à la fois maître mola et guide autorisé sur le continent. Elle nous propose une balade dans le Rio Sidra...
Dimanche 27 mars. Lisa vient nous chercher avec un autre muchacho et nous partons remonter leur rivière sacrée, le Rio Sidra. Sacrée car ils y enterrent leurs morts : Lisa nous explique le cérémonial, elle est chargée de faire les repas et les feux pour attirer les bons esprits et faire fuir les mauvais. Elle nous montre la tombe de ses parents dont elle est très fière : elle a construit seule l'abri traditionnel. Nous poursuivons notre marche au travers d'une végétation très dense, avec ça et là des pans d'ananas, des calebassiers des bananeraies...au rythme kuna c'est-à-dire au pas de course : ils sont peut-être petits mais ils marchent très très vite! En même temps que je dois suivre péniblement, Lisa m'explique l'histoire du lieu, heureusement en espagnol et non pas en kuna! Nous sommes dans un endroit où vit l'esprit de Sahida, une jeune fille devenue grand-mère, avec un corps de sirène. Les kunas ne viennent jamais seuls dans ces lieux tant ils ont peur, et Lisa, plus habituée, a dû obtenir l'autorisation du "congreso" pour nous y accompagner. En chemin, elle se fabrique une croix de protection avec des feuilles. Et continue de me parler des coutumes kunas... Nous profitons de la cascade puis redescendons par la rivière : les enfants sont ravis, c'est l'aventure, on glisse le long de torrents, on traverse à l'aide de bâtons, on saute des cascades...Au retour, l'aventure continue car la marée basse nous oblige à ruser avec des bâtons pour faire glisser le cayaco jusqu'à la mer. Ensuite, Lisa nous emmène dans son village de Mamardub sur l'île de Rio Sidra. Elle nous propose quelques molas...on finit par craquer et lui en acheter un (25$). On goûte les pains kunas, à base de noix de coco : délicieux! Pas de photos dans le village : c'est un peu la contradiction des kunas : ils profitent du tourisme en nous harcelant (si, si, il faut le dire!) avec leurs molas mais refusent les photos...On respecte mais ils ne sont pas toujours très sympathiques, surtout quand on refuse gentiment d'acheter...peu de sourires... De retour au bateau, même un peu fatigués, on part en annexe faire du snorkeling, cette fois avec combine!
Lundi 28 mars. Nous avons décidé de quitter notre petite île déserte pour aller dans les Lemmon cays. En chemin, on jette l'ancre à Dog Island pour plonger sur une épave d'un cargo échoué en 1950 : c'est maintenant le domicile de nombreux poissons et coraux...Très sympa! Aymeric adore plonger sous la coque du bateau et dans la salle des machines : il se prend pour un explorateur de navires enfouis...Un peu déçus par les Lemmon Cays, l'ancre n'accrochant pas de façon satisfaisante, nous ne restons pas et gagnons un mouillage un peu plus retiré des Eastern Lemon Cays, juste à côté de Chichimé : Yansaladup (9°34.484N-78°51238W). Il est conseillé d'y naviguer entre 12h et 16h quand la lumière du soleil permet de bien discerner les patates de corail et les bancs de sable. Slalom réussi. Après-midi CNED (il faut bien de temps en temps!)...avec quand même une récréation snorkeling. Les enfants ont commencé une collection de coquillages avec une fleur imprimée dessus (cadavres d'étoile de mer???) qu'ils poursuivront tout au long de notre séjour ici...
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|  San Blas (24 mars- 1 avril)- 2ème partie | Mardi 29 mars. Nous gagnons, en suivant scrupuleusement les waypoints, le mouillage de Utchutupu Pipigua, aux Chichime Cays (9°35.250'N- 78°52.841'W). En allant faire du snorkeling à l'entrée de la passe, nous voyons une épave assez récente d'un monocoque. Pas de chance! Quelques kunas viennent nous voir : ils sont absolument charmants ici, tout sourire même quand on n'achète rien. Nous offrons aux enfants des crayons, des bonbons et du papier... Ils sont ravis et nous aussi. Un des kunas, Raoul, propose à Yann de l'emmener pêcher au harpon (il n'a pas peur le kuna!) puis de dîner des poissons pêchés sur la plage devant leurs huttes. Nous déjeunons des langoustes apportées par des kunas tandis qu'on aperçoit au loin Galilea qui ne tarde pas à nous rejoindre. On ne les avait pas revus depuis Carthagène...C'est vaste les San Blas! Du coup, ils se joignent à nous pour le dîner sur la plage... Daniela et sa maman, très coquettes, se font toute belle, et revêtent leurs vêtements traditionnels pour faire une photo que je leur donnerai le lendemain. Au passage, elles en profitent pour nous vendre deux bracelets kunas! Dîner assez sympa, leur riz coco est délicieux et le poisson aussi (ce sont en fait les restes de notre wahoo car la pêche de l'après-midi n'a pas été si fructueuse!), j'avais aussi fait une salade de langoustes. A notre départ, Raoul nous demande de lui payer ce que l'on souhaite... Comme nous ne savons pas bien, il propose que nous lui payons 10$ pour l'organisation! Toujours intéressés, ces kunas! mais ils étaient très sympathiques sur cette île.
Mercredi 30 mars. Une journée un peu grise aux San Blas. Le ciel est bas et les couleurs turquoise, bleu, vert ont un peu disparu. Nous gagnons un mouillage un peu plus au Sud-Est, à la recherche d'îles désertes. Première escale à Los Grullos, devant Kuanidup, l'île mythique d'Antoine. Il y a maintenant un "hôtel-restaurant" (quelques cases alignées côte à côte, en fait), aussi nous mouillons sur l'île à côté. L'ancre n'accroche pas; même au troisième essai et c'est la même chose pour le catamaran qui nous suit, Galilea. Nous décidons donc d'aller encore un peu plus sud, à Gunboat Island (9°29.40N-78°52.50W). Assez joli. A nouveau, je plonge pour vérifier l'ancre; le fond est moyen mais nous décidons de passer quelques heures à ce mouillage, le temps du déjeuner et d'un petit snorkeling. Puis direction Porvenir, une île assez mignonne, avec simplement une piste d'atterrissage, un hôtel et un restaurant. Nous devons y accomplir nos formalités d'entrée aux San Blas : il serait temps! Dîner sur Galilea pour fêter l'anniversaire de Natacha, avec quelques jours de retard.
Jeudi 31 mars. Nous sommes bien délestés après avoir accompli nos formalités à l'immigration (30$), aux affaires maritimes (210$) et au congresso (30$)! Ils ne perdent pas trop le Nord, ici! Mais bon une partie ne sera plus à repayer à notre arrivée à Colon et lors du passage du canal! Après deux petites heures de CNED, une dernière baignade dans les San Blas, nous quittons Porvenir pour longer la côte Caraïbe du Panama et y chercher un petit mouillage sympa...Nous abandonnons Galilea, qui, arrivé un peu après nous dans les San Blas, n'a pas eu le temps de faire des îles sympas comme Green Island ou les naguargandup cays. Nous les retrouverons pour le passage du canal...
Aide précieuse pour notre séjour chez les kunas : The Panama cruising guide, d'Eric Bauhaus. |  |
|  Les indiens Kunas | Il y aurait beaucoup à dire sur les kunas... mais je ne veux pas transformer ce site en encyclopédie. Surtout, nous avons passé trop peu de temps ici pour prétendre tout connaître des kunas... Voici juste ce que nous avons appris de nos rencontres avec Lisa, Raoul, Daniela... Pour ceux qui seraient frustrés, j'ai lu des tas de choses intéressantes et d'anecdotes amusantes à propos des kunas sur le site d'Etoile de Lune, qui a passé 5 mois dans le coin! (www.etoiledelune.net).
Un peu d'histoire… A partir de l'indépendance du Panama, alors province colombienne, vis-à vis de l'Espagne en 1821, les indiens kunas, basés dans la cordillère (le Darien), contrôlent les 360 îlots inhabités de la zone côtière. Lorsqu'en 1903 Panama prend son indépendance vis-à-vis de la Colombie, les indiens kunas restent fidèles à celle-ci. C'est le début d'un long conflit entre les Kunas et le Panama ; les premiers organisent une véritable résistance aux exactions panaméennes et en 1925, ils proclament la république de Tule. La rébellion, extrêmement sanglante (les kunas n'hésitent pas à exterminer les militaires présents dans les villages et les enfants de sang mixte), est alors appelée "holocausto de las Razas". Le drapeau de cette rébellion comporte une croix proche de la croix gammée, mais sans aucune relation avec le symbole nazi. N'empêche, celà fait tout drôle de la voir placarder dans les huttes ou dessinée sur les bracelets... Pour mater la rébellion, Panama City envoie ses troupes mais les Kunas demandent une médiation des Américains via le navire US Cleveland, lequel intercepte les troupes panaméennes et oblige à la négociation. Les Kunas renoncent alors à leur déclaration d'indépendance et Panama reconnaît en 1953 une large autonomie aux kunas sous forme de "comarca de Kuna Yala" (territoire); Le gouvernement panaméen s'engage à respecter leurs lois tribales, leurs traditions et leur culture. Depuis 1972, les indiens kunas sont représentés par trois députés à l'assemblée nationale panaméenne (les caciques) et il y a déjà eu 4 ministres kunas, dont un ministre de la Justice.
Nous visitons quelques villages Kunas... Ils vivent dans des huttes de bois aux murs de roseau et aux toits de palmes. Les rues du village et les intérieurs (le peu qu'on en voit) sont très propres mais les abords des îles habitées ne le sont pas toujours : à Mamardub, des huttes sont construites à l'extrême bord de l'île et on y accède en cayaco (comme chez Lisa). A l'intérieur des huttes, on ne voit bien souvent qu'un seul meuble, le hamac. Pas de chaises, pas de table...des vêtements suspendus aux poutres. En général, une casa de fuego (cuisine) est commune à toute une famille, dans une hutte à part. Le chef du village est le Sahila. Il est sous l'autorité des caciques et chaque semestre, tous les sahilas se réunissent en congrès à Panama, afin de rendre compte de la vie quotidienne des villages et des revendications du peuple kuna : les caciques sont ensuite chargés de transmettre au gouvernement panaméen. Lisa nous explique que le sahila peut être un homme ou une femme, à condition qu'il ait des capacités intellectuelles et spirituelles, une très bonne connaissance des coutumes kunas et qu'il en garantisse le respect. Il reçoit dans le congreso, la maison du congrès qui est la plus grande hutte du village. Il est parfois entouré d'interprètes (quand son langage est trop spirituel ou éthéré!). A Mamardub, le congrès des femmes a lieu le lundi et le vendredi et celui des hommes, le mardi et dimanche ; dans d'autres villages, chaque soir, après le repas, les habitants sont invités pour débattre des problèmes du jour et parler des affaires du village. Ils sont obligés de se rendre au congreso sinon ils paieraient une forte amende à la communauté. Lisa qui n'aime pas beaucoup se promener dans son village (sans doute n'est-elle pas si bien acceptée?), se rend néanmoins toujours au congreso. Cette organisation est la même dans chaque village depuis des siècles mais certains villages respectent la tradition kuna au sens strict, d'autres un peu moins...Tout dépend du sahila. Dans tous les villages, l'instruction est exclusivement faite en kuna depuis des lois récentes ; il y a donc de moins en moins de professeurs venant du Panama. La seconde langue enseignée est l'espagnol et la troisième, l'anglais.
Difficile de savoir si les kunas sont vraiment une société matriarcale, comme il est beaucoup écrit ça et là. Il est vrai que sur l'île de Chichimé, Raoul a été emmené par sa femme Daniela pour vivre avec la famille de celle-ci. Il doit nourrir toute la famille, tandis que le beau-père fournit un toit à chaque ménage. Sur cette île donc, nous dînons le soir devant la hutte de Daniela et de Raoul mais celui-ci convie ses belles soeurs et beaux frères à prendre un peu de riz et de poissons. Toute l'île est ainsi occupée par la famille de Daniella. Mais il n'en demeure pas moins que l'homme semble avoir l'autorité décisionnelle dans la société : les sahilas, les caciques et le chef de famille sont, à de très rares exceptions, des hommes... Lorsque nous pénétrons dans certains villages, nous devons payer l'impuesto, une sorte d'impôt ou de contribution au fonctionnement du village. On n'obtient pas pour autant des sourires (assez rares à Mamardup!) mais on se plie ainsi à une coutume ancestrale : le billet vert a remplacé les sacs de noix de cocos que les étrangers au village apportaient au Sahila. Ajouté aux impôts payés par les kunas, tout ceci contribue à entretenir le village (propreté, conduites d'eau, salaire du sahila...). Pas si différent de nos organisations occidentales! Les Kunas vivent principalement de la pêche, de la récolte de noix de coco et de la confection de molas, qui font la réputation de l'art kuna...Ce sont les femmes qui passent leur vie à coudre des molas et à les vendre sur la jupe arrière des bateaux ou dans les rues des villages. Tous les jours, on nous proposera des "molas", avec ou sans sourires, vendus de 5 à 40$. Le mola est un empilement de tissus colorés, cousus dans un ordre très précis pour représenter des figures géométriques, des perroquets, des poissons...Lisa fabrique 4 à 6 molas par mois, un molla de grande qualité peut parfois demander jusqu'à 3 mois de travail. On les retrouve sur le vêtement traditionnel des femmes, comme celui de Daniela et de sa maman, sur le devant et dans le dos de leur blouse...
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