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mai Les Marquises, la terre des hommes (29 mai- 7 juin). Les îles du Nord. | 30 mai. Cap sur Ua Huka, l'île aux chevaux sauvages! Le mouillage de Hané ne se révèle pas si infernal que celà (il est réputé très houleux par alizés établis) et nous pouvons jeter l'ancre en début d'après-midi. A terre, le débarquement, un peu rock and roll, se fait en maillots de bain avec les affaires sèches dans le sac étanche! Nous rencontrons des gens très agréables et visitons le petit musée de la mer qui fait la fierté des habitants du village de Hané. C'est aussi à Ua Huka que l'on trouve les maîtres de la sculpture sur bois : on peut admirer de très belles oeuvres dans le petit centre artisanal de Hané.
31 mai. C'est le déluge! A tel point que l'eau du mouillage est devenue toute marronnasse à cause des coulées de terre et de tout ce que charrie la rivière de Hané. Nous avons prévu une balade à cheval avec Alfred jusque Hokatu, le village voisin, et jusqu'aux Tikis de Hane. Quand nous arrivons, la maman d'Alfred nous emmène gentiment chercher les selles, le temps que la pluie cesse (ouf!), jusqu'au "lotissement" sur la route de Vaipaee. C'est l'occasion de voir cette partie de l'île de Ua Huka...Les chevaux ne sont pas vraiment sauvages ici, ils sont plutôt en liberté. Ils appartiennent à tous les habitants, mais en réalité, Alfred et sa famille en utilisent une quinzaine qu'ils essaient de retrouver dans la nature quand ils en ont besoin. Ils sont souvent du côté des tikis, près de la rivière et surtout près des manguiers dont ils raffolent du fruit. Des chevaux adorables! de vrais chiens...bien dressés. Certains sont castrés, à la rude! (on les ligote au sol et hop, sans anesthésie...et on fait cicatriser en mettant du sel...Les pauvres bêtes! quand je pense à toutes les précautions que Papa prenait en France pour castrer les chevaux. Certains y passent, pas étonnant!). La balade dans la forêt est super agréable, même si le chemin de Hokatu jusqu'aux pétroglyphes et aux tikis est bien boueux et donc glissant. On croise de nombreux chevaux "sauvages". Le site archéologique est l'un des plus anciens des Marquises : il daterait de 300 ans avant JC. Après le déjeuner, le capitaine nous abandonne et rejoint Alfred et ses frères pour partir à la chasse aux chèvres et aux cochons de l'autre côté de l'île. Il va y dormir...et nous rejoindra, espérons-le, demain matin! Nous attendons avec impatience (et un peu d'anxiété) qu'il nous raconte cette expérience bien sympathique!
1er juin. C'est l'effervescence ce matin sur le petit quai de débarquement de Hané car le Taporo (bateau ravitailleur venant de Nuku Hiva) apporte des vivres et autres marchandises. Lundi prochain, ce sera le tour de l'Aranui avec environ une centaine de touristes à bord : ouf, on ne sera plus là car je n'ose imaginer ce que le petit village paisible de Hané devient lorsque tant d'étrangers débarquent! Pour l'instant, nous sommes de nouveau seuls au mouillage, l'escale du Taporo n'ayant duré que deux heures...
1er juin...Je (Yann) prends la plume (ou plutôt le clavier) pour une fois afin de narrer l'épopée de la chasse au cochon sauvage à la marquisienne. Mais tout d'abord un avertissement pour les âmes sensibles (Laetitia Remy en particulier) : ne lisez pas la suite et passez directement au paragraphe suivant (si vous passez par la case départ, vous ne touchez pas 20 000 euros).
Donc je rejoins pour la chasse les quatre frères Alfred, Layton, Adrien et Jean-Marie ainsi que deux de leurs amis. Leur maman nous emmène en pick up au ponton de Vaipaee. Là nous embarquons dans un speed boat une dizaine de gros sacs en toile de jute (mais que peut-il bien y avoir dedans!!??), avec neuf chiens. Le propriétaire du bateau va nous déposer. Sur le papier c'est simple! En pratique, ça se complique : après une petite demi-heure de navigation très rapide (et peu confortable avec des sauts brusques de un mètre de haut...) nous arrivons dans une baie exposée plein est, et donc face à la forte houle. Là, le jeu consiste à débarquer tout le monde, les sacs et les chiens sur les rochers qui bordent la baie. Un jeu d'enfant! Puis il faut longer les rochers en escaladant tout en portant les sacs lourds et parfois les chiens lorsque l'escalade devient trop compliquée. Nous arrivons enfin sur la plage, en cette fin d'après-midi, la première tâche consiste à dresser un campement avec des grandes bâches en plastique tenues tant bien que mal par des cordes. Vient ensuite la vraie épreuve de la soirée, qui permet de lever le voile sur une partie du lourd contenu des sacs : il faut affronter 48 canettes de bière (mais on est 7 quand même), et quelques bouteilles d'alcool. J'essaie de participer mais ma descente de canettes reste modeste et mon marquisien encore très approximatif... Je me laisse néanmoins bercer par leur conversation, et Jean-Marie me résume de temps en temps ce qui se raconte (des histoires de chasse). Nous dînons royalement de chèvre coco, beignets banane, cochon salé, riz sucré, ... Yann étant visiblement un nom trop compliqué pour eux, et comme je leur indique que cela ne me plait pas du tout qu'ils m'appellent monsieur, mes amis m'affublent d'un prénom marquisien, je deviens : "Tumkatea". La nuit est courte et peu propice au sommeil (nous dormons sur des paillasses et la pluie finit par s'immiscer dans notre bivouac). Lever à l'aube et départ pour la chasse. Là, ça devient sportif : mes amis partent d'un pas rapide gravir la montagne, je tente désespérément de les suivre, ils m'ont même confié un chien! Je glisse presque à chaque pas et manque de dévaler la montagne plusieurs fois. Il me faut maintenant vous expliquer sommairement la technique de chasse : pas d'arme à feu, les marquisiens chassent pour la plupart uniquement avec les chiens et un couteau. Lorsqu'un cochon (ou une chèvre) est traquée, les chiens sont lâchés, ils coursent la bête, l'attrapent à la gorge, le cochon est achevé au couteau. C'est un peu gore... Après 7 heures de marche forcée dans la montagne (je ne sais pas ce qui est le plus dur : la montée ou la descente), nous ramenons le tableau (6 cochons et 2 chèvres) au campement. Je participe (je n'ai pas vraiment le choix) en transportant un cochon sur les épaules. Les bêtes sont vidées, dépecées et découpées sur place (j'ai des films pour ceux qui veulent!!!). Après un intermède altercation avec d'autres marquisiens qui nous reprochent d'avoir chassé en partie sur leur terre (petite bagarre), nous repartons passant par le même parcours du combattant qu'à l'aller! Je suis vanné, j'arrive à 3 heures de l'après midi sur le bateau (où Anne-Valérie m'attend morte d'inquiétude) avec un travers de porc en trophée.
2 juin. Je reprends la plume pour vous indiquer qu'il est effectivement allé à la chasse au cochon : l'insoutenable odeur qui se dégageait de ses vêtements, et de tous les pores de sa peau à son retour, l'atteste indiscutablement. Il s'est couché à 19h le soir pour dormir 12 heures d'affilée. Bref, je doute qu'il y ait une belle marquisienne derrière tout celà!
Voilà pour l'épisode Ua Huka. Direction maintenant Nuku Huva, plus civilisée, où nous retrouvons internet et avitaillement...Les filles vont tenter de boucler leurs évaluations CNED...
3 juin. Nous sommes au mouillage dans la vaste baie de Taiohae. Nous comprenons que nous arrivons la bonne année car en 2010, la sécheresse ne laissait qu'un paysage de roche roussie. Là, la forêt est bien verte et la baie assez jolie. Il y a de nombreux bateaux, sans être les uns sur les autres. En revanche, le quai de débarquement est plus rock and roll car envahi par les annexes et les oursins. D'ailleurs, le capitaine, ayant dû plonger pour décrocher l'ancre, ressort avec un pied rempli d'épines. Quelle douleur! Je l'avais rarement vu dans cet état : je l'ai donc shooté avec quelques anti-douleurs ; il va mieux. A terre, le village est assez étendu, moins mignon que ceux de Tahuata. Nous trouvons deux épiceries assez bien achalandées (mieux qu'à Hiva Oa!). L'après-midi, j'emmène les filles au centre artisanal des sculpteurs : on trouve de très jolis colliers, abordables. Aymeric repart avec son tiki. Puis nous allons nous balader du côté du site archéologique de Temehea, juste au bord de la mer : il a été restauré récemment avec de nombreux tikis contemporains. Demeure de Putahaii, la mère du grand chef Haka'iki Kiatonui de Taiohae au XVIIIème, ce lieu fut aussi celui des premiers échanges entre européens et marquisiens... Nous en serons plus demain car nous partons à la découverte de l'île avec un guide marquisien...
4 juin. Une belle journée à la découverte de Nuku Huva et de la culture marquisienne Richard, notre guide qui travaille avec un archéologue et un anthropologue de Hatiheu, nous a appris plein de choses...impossibles de tout raconter ici! Nous commençons par visiter la baie de Taipivai, tout en nous arrêtant à de nombreuses reprises pour découvrir la flore de l'île : bois de rose, bois de teck, bois de santal, hibiscus géant, bandanus (qui sert à faire les toits de certaines maisons), manguier, papayer, cacaoyer, bandamier...La baie du contrôleur est absolument charmante avec un seul bateau au mouillage! Nous visitons la petite Eglise de Taipivai : assez amusant de constater que les sculpteurs locaux ont adapté les représentations de St Joseph et de Jesus à la vie ici : l'un tient une herminette qui permet notamment de casser la coco, l'autre tient le fruit de l'arbre à pain! Dans le village, nous rendons visite à un sculpteur et découvrons l'exploitation du coprah : à partir des noix de coco, cassées et séchées, on fabrique le monoi et autres cosmétiques...Aymeric retient surtout l'histoire de Melville qui débarqua pensant trouver une tribu amie, qui se révéla en fait mangeuse d'hommes. Il réussit à s'échapper et raconta son aventure dans son roman Taypee... Nous traversons ensuite l'île (vers le Nord), sans doute celle dont le paysage est le plus varié des Marquises, avec des cascades à profusion (celle de la grande anguille), des falaises gigantesques, des forêts de pins, des formations géologiques étranges avec notamment les deux cratères : intérieur et extérieur. Nous nous arrêtons dans le site archéologique de Kamuihei; heureusement que Richard est là pour nous expliquer les différents rites et traditions, l'emplacement des paepae (fondations des maisons des prêtres, personnalités et membres de la tribu), pour nous montrer l'espace communautaire, les ossuaires et les pétroglyphes...Il nous explique très sérieusement comment ce site a été exorcisé à la fin du XIXème par le missionnaire Michel Blanc. Le village de Hatiheu est sans doute l'un des plus beaux villages des Marquises que nous ayons vu. En bord de mer, il respire la tranquillité avec ses cocotiers, ses pins et ses bougainvilliers. Nous déjeunons au fameux restaurant de Mama Yvonne : délicieux! poisson cru, langouste, porc au rhum, chèvre au lait de coco, arbre à pain, manioc...que des spécialités marquisiennes. L'après-midi, après avoir observé les anguilles dans la rivière (énormes!!!), puis fait un petit tour au musée archéologique où nous découvrons notamment l'art du tatouage (Richard tente de nous expliquer les différents symboles car le tatouage révèle l'esprit et la vie de celui qui le porte), nous allons nous balader dans un autre site archéologique...encore d'autres histoires de sacrifices et de premiers contacts avec les coutumes européennes : il y a étrangement deux tombes "à l'européenne" sur ce site alors que les marquisiens suspendaient les crânes aux arbres et faisaient des sculptures à partir des ossements humains!Tout celà il y a 200 ans !
5 juin. Journée bateau au mouillage : CNED (c'est fini pour cette année!!!) et rangement de fond en comble du bateau! Prêts à repartir demain après un passage à la poste, à la station essence et à l'épicerie...
6 juin. Début d'après-midi, après un petit saut à la crêperie de Kay près du débarcadère, nous prenons la mer, direction la dernière île habitée des Marquises : Ua Pou. En route, nous retrouvons les dauphins : il y a des mamans et leurs petits ; trop mignon car ils sautent exactement en même temps, collés l'un à l'autre. L'île de Ua Pou se caractérise par ses pitons : les deux principaux, au centre de l'île, la font ressembler à un château. A notre arrivée, dans la baie de Hakahau au Nord Est de l'île, il fait nuit. Il y a une quinzaine de bateaux au mouillage, pas éclairés. Nous devons prendre une place à l'écart et subissons toute la nuit la houle qui rentre dans la baie, très désagréable!
7 juin. Le lendemain matin, l'Aranui arrive avec sa horde de touristes et nous constatons que le mouillage est finalement rouleur partout, pas seulement à notre place. Bref, nous quittons la capitale de Ua Pou pour trouver un petit mouillage paisible au Sud-Ouest de l'île. Là encore, nous sommes accompagnés par les dauphins. Nous sommes seuls devant un tout petit village qui semble bien paisible (mais finalement comme partout aux Marquises!). A peine l'ancre jetée, deux raies mantas viennent inspecter leur nouveau voisin. L'eau étant claire (rare aux Marquises!) nous prenons le kayak, les masques et tubas et rejoignons nos voisines de mouillage. Soazic et Aymeric les ont presque touchées! J'ai essayé tant bien que mal de prendre quelques photos... Le soir, fin de l'épisode marquisien, nous partons pour les Tuamotus...
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|  Les Marquises , la terre des hommes (20 mai- 29 mai). Les îles du Sud. | Les îles du Sud : Fatu Hiva, Hiva Oa, Tahuata.
Nous avons choisi d'atterrir, après cette traversée de quelques jours..., à Fatu Hiva, la plus au Sud des îles des Marquises. Nous nous attendions à un mouillage bondé et nous ne sommes que 5 bateaux. Top! L'endroit est absolument magique, la réputation de Hanavave, ou baie des Vierges, n'est pas usurpée. La baie est grandiose et change de couleurs tout au long de la journée. Au fond, la petite église blanche du village ressort au milieu du camaieu de verts. A terre, le premier contact avec les Marquisiens est chaleureux (sans doute, ne sont-ils pas si agréables, comme nous avons pu le lire, lorsqu'il y a plus de 30 bateaux au mouillage). Il n'y a pas grand chose au village, juste une toute petite épicerie, et ce, même si le bateau de ravitaillement (Aranui 3) vient de passer (tous les 15 jours)... Journée repos mais aussi nettoyage de coque. 21 mai. Les enfants nous prennent pour des "barjes". Nous prévoyons une randonnée depuis Omoa, l'autre village de l'île jusque Hanavave : 17 km sur une pseudo route au milieu des montagnes...et donc ça monte bien ! (1000m). Taiki nous emmène à Omoa en bateau taxi (6000FP), nous y achetons de quoi faire un pique nique et nous voilà partis. C'est là que le capitaine et moi prenons conscience de notre âge, ou plutôt de la différence d'âge avec les enfants! Ils sont presque à trottiner devant...tandis que nous suons comme des bêtes derrière...5 heures plus tard, après avoir traversé des paysages ahurissants de beauté, nous retrouvons le Furibard, à poste, et surtout le frigidaire et ses boissons fraîches! Le soir, Taiki nous a préparés de la chèvre sauvage à la noix de coco et du poisson à la tahitienne ; il vient avec sa femme et son fils à bord et nous dégustons tout celà en les écoutant nous parler des problèmes politiques des Marquises et de l'éducation de leurs enfants. Ils sont tous scolarisés à Hiva Oa et ne reviennent qu'aux vacances...pour le lycée, ils iront à Tahiti...Taiki et Angèle nous ont apporté plein de fruits : deux régimes de bananes, des pamplemousses le triple de la taille des nôtres, des citrons verts avec une vraie odeur de citron vert qui reste longtemps sur les mains...Ils ne nous demandent rien, mais la vie est si chère ici et le repas était vraiment copieux : nous leur laisserons un petit quelque chose quand même...
22 mai. Départ pour Hiva Oa, Atuona, pour accomplir les formalités...et récupérer un peu de WIFI!
23 mai. Journée bien remplie! Le village d'Atuona est à 45 minutes à pied du mouillage. Les enfants, un peu courbaturés, rechignent à marcher mais nous faisons du stop et il y a toujours un gentil marquisien, à l'aller comme au retour, pour nous prendre dans son pickup. Nous accomplissons les formalités d'entrée en Polynésie à la gendarmerie du village, un peu d'attente à la poste pour envoyer le CNED. Trois petites supérettes permettent de faire l'approvisionnement en fruits, légumes, gâteaux et frais car les réserves sont un peu épuisées. Je laisse aussi ma lessive à Sandra. Ouf! Nous louons une voiture pour le lendemain (un peu cher, 13000 FP mais nous sommes aux Marquises!). Le soir, nous allons dans une pension chez Alex Kayser (+689 234817, pension.hivaoa@yahoo.fr). Trop sympa, il vient nous chercher au mouillage vers 18h, et nous ramènera. Nous profitons du babyfoot, de la piscine. Les enfants sympathisent avec ceux d'Alex ; on ne les voit plus...Dîner délicieux.
24 mai. Nous partons visiter le site de Puamau à l'Est de Hiva Oa. La route est bien cabossée ; heureusement que nous avons le 4*4. Les paysages sont magnifiques et le site est exceptionnel. Au milieu d'une végétation très luxuriante, nous découvrons le site sacré, "le me'ae" : lieu de rituels, de sacrifices mais aussi site funéraire (il daterait de 300 ans mais on ne sait pas bien). Ce lieu était "tapu" (traduit par tabou), c'est-à-dire interdit ou du moins réservé aux personnes qui avaient un mana important, une force "vivifiante" émanant d'elles. Le "mana" est un concept clef de la philosophie religieuse polynésienne, qu'on pourrait traduire comme l'essence mouvante qui fait exister le monde. Nous avons pu admirer les fameux tikkis marquisiens : ce sont des statues sacrées qui représentent des personnalités prestigieuses élevées au rang de dieu. Le grand tikki Tikaii de Puamau est connu mais malheureusement, il ne sera que pour nos yeux (appareil photo HS). En fin d'après-midi, nous allons visiter le musée Gauguin (dommage qu'il n'y ait que des reproductions, sans doute la sécurité serait difficile à assurer...) et le site dédié à Jacques Brel avec son fameux petit avion "Jojo" grâce auquel il assurait, à la fin de sa vie, des trajets "humanitaires" (médicaments, colis, nourriture...) pour les marquisiens entre les différentes îles. Le soir, nous retournons à notre pension préférée, chez Alex. C'est en fait un alsacien installé depuis 25 ans aux Marquises et marié à une marquisienne. Il connaît très bien la culture mahori, qui lui a été transmise par la grand-mère de son épouse, et nous en parle un peu. Il regrette que les marquisiens perdent peu à peu cette culture : le dernier shamane est mort il y a deux ans, seuls 7 danses et rituels sur les 77 qui font le fondement de leur culture sont encore connus.... La danse la plus fameuse est le Haka : danse de la vie, de la mort et du commencement, que les marquisiens effectuent au début de chaque festivité.
25 mai. Les alizés soufflent fort (25-30 noeuds) : ce qui nous aurait fallu pour notre traversée mais qui est beaucoup moins agréable au mouillage! Celui de Atuona est devenu vraiment inconfortable et les ancres arrière ont tendance à chasser car la tenue (principalement des rochers) est mauvaise. Bref, il est temps de partir mais c'était ce qui était prévu! Nous emmenons avec nous sur Tahuata, l'île voisine, Nicolas et Grégory, deux jeunes qui viennent de Tahiti et qui font le tour des îles des Marquises pour vendre des ouvrages Larousse : ça marche pas mal car les marquisiens sont très attachés à l'éducation de leurs enfants. Nous les déposons à Vaitahu. Le village est assez charmant, très tranquille avec son église remarquable en pierres de lave et en bois sculpté. Sur le front de mer, on trouve les plaques commémoratives de la prise de possession de l'île par les Français, celle de la venue du premier Européen : Mendena... et la plaque de marbres du Fenua Enata qui témoigne de l'attachement des Marquisiens à leur terre. Les habitants de Vaitahu sont là aussi adorables : ils sont tout sourire, aiment discuter avec les touristes et nous offrent des fruits. Deux jeunes femmes, rencontrées au ponton, se piquent d'apprendre à Aymeric à pêcher : ils attrapent ensemble plein de petits poissons. Elles nous expliquent comment différencier les poissons empoisonnés (ciguatera) et les autres. Aymeric est aux anges! En revanche, la nuit est un peu agitée : les alizés sont si forts que des rafales de vent violentes, de 40 à 50 noeuds, venant des montagnes s'abattent sur le mouillage. Notre mouillage tient bien mais la fixation de la patte d'oie (en vectran) lâche en pleine nuit. Nous voilà à confectionner une nouvelle manille textile à 3 heures du mat. Tout rentre dans l'ordre... 26 mai. Le matin, nous retournons au village de Vaitahu acheter quelques tomates (sans succès) mais les villageois nous offrent à nouveau des fruits : Taio que nous rencontrons au ponton nous emmène chez lui (la route monte!). Là-bas, il grimpe à l'arbre et nous décroche un seau plein d'espèces de pommes et nous offre des pistaches (sorte de cerise un peu âpre). Les villageois semblent si heureux de nous rencontrer ; leur accueil est vraiment adorable de simplicité. Nous quittons le mouillage trop peu protégé de Vaitahu pour Hanatefau, la baie des dauphins à long bec. Effectivement ils sont au rendez-vous : à peine ancrés, ils nous font un petit spectacle consistant en des allers- retours devant le bateau. L'après-midi, on attaque les dernières séquences du CNED. Apéro à bord avec Gérard, de Tara, que nous avons rencontré à Atuona, en pleine nuit, alors que les ancres chassaient...Soazic est ravie car nous pouvons échanger des livres avec lui.
27 mai. Il pleut beaucoup ce matin!!! Nous sommes calfeutrés dans le carré attendant que le déluge passe ; les enfants travaillent. L'après-midi, nous allons en annexe jusqu'au village d'Hapatoni, réputé pour ses sculptures sur os. Malheureusement, les sculpteurs sont partis à Tahiti pour vendre leur art ... Nous sommes accueillis par une ribambelle d'enfants ; il faut dire que Gérard les avait prévenus que nous avions des livres à leur donner! Ils sont adorables et nous baladent dans tout le village, jusqu'au Me'ae central (lieu de culte et de fêtes avec un étage pour les rois et reines), puis le long d'une allée bordée d'arbres centenaires : c'est l'allée de la reine Vahekehu (1850). Nous découvrons les pétroglyphes, des pierres anciennes sculptées, mais en réalité le site plus ancien est situé à 2h aller-retour de marche : les villageois nous disent que la route est impraticable par ce temps pluvieux. Les enfants nous font goûter une sorte d'amande, le taié, fiers de casser l'écorce avec leurs pierres de lave. Ils nous emmènent dans leur école et nous nous abritons de la pluie dans leur cantine : trop mignonne! Les tables sont en bois sculpté avec différents jeux dessus; les enfants enchaînent les parties en attendant un ciel plus clément. Bref, nous passons l'après-midi à terre, entourés de tous ces enfants absolument charmants. Le retour au bateau est beaucoup moins agréable car nous nous prenons une nouvelle averse, et arrivons trempés jusqu'aux os! Soazic nous prépare alors un délicieux chocolat chaud et on se pelotonne devant un bon film. Comme à la maison!
28 mai. Nous gagnons un mouillage au Nord de Tahuata, là où sont les belles plages de sable blanc. Trois baies se succèdent : Iva Iva Iti, Iva Iva Nui, et Hanamoenoa. La dernière est la plus réputée mais aussi la plus bondée! Nous choisissons le mouillage de Iva Iva Nui tandis que les autres bateaux sont agglutinés dans la baie d'à côté : à nouveau seuls au monde, comme on adore. A terre, deux petites maisons appartiennent aux familles Tamatai ("les enfants de la mer") et les fils viennent en vaa marquisien l'après-midi (leur speed boat!) : nous discutons un peu avec eux; ils sont en fait cousins et frères de Taio qui nous avait offert les pommes citerne à Vaitahu. En fait, ils sont toujours cousin, frère, neveu !!!. Après-midi kayak avec un petit aller retour dans la baie de Hanamoenoa (moins charmante finalement que Iva Iva Nui) et baignade...entre les averses, un peu moins nombreuses cependant qu'au mouillage précédent. L'avantage, c'est qu'on ne fait pas beaucoup de moteur (et ça on aime!) : on récolte l'eau de pluie...et l'éolienne marche à fond.
29 mai. Mouillage au Nord de Hiva Oa : Hanamenu, une baie entourée de hautes falaises, là encore pour nous tous seuls! Il y a une petite maison avec une famille à terre mais ils partent en speed boat à notre arrivée. Enfin, il ne pleut plus! Journée tranquille. Nous allons en kayak sur la plage juste à côté. On y ramasse des noix de coco que le capitaine s'évertue à casser tandis qu'un troupeau de vaches, seule présence à terre, nous espionne, intrigué! Ambiance assez décalée! |  |
|  Vers les Marquises | Nous retrouvons notre correspondant local C. Chauvin pour assurer le relais au cours de notre (longue) traversée vers les Marquises. Rendez-vous dans Album de voyage... |
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